Existe-t-il une combinaison sans néoprène qui permettrait d’allier plaisir du longe-côte en toute saison et soucis de préservation de l’environnement ? J’ai entendu dire que le néoprène est très polluant… oups paradoxal et gênant pour l’adepte du longe-côte que je suis 😭 !
Pour pratiquer un sport nautique nous sommes indéniablement dépendants du néoprène pour nous protéger du froid. Ainsi on s’en habille de la tête aux pieds pour profiter des bienfaits du longe-côte : combinaison, gants, cagoule, bottillons ou chaussons…
La quasi-totalité des combinaisons et accessoires actuellement disponibles sur le marché français sont dans cette matière. En effet ses propriétés thermiques en font une base idéale pour les équipements liés aux sports d’eau.
Après avoir creusé le sujet, je me suis dit que je partagerais bien avec vous le fruit de mes recherches, car il existe des alternatives durables 👏 qui pourraient vous intéresser aussi !
Qu’est ce que le néoprène ?
Définition
Le néoprène est une alternative au caoutchouc naturel. C’est un caoutchouc synthétique qui a été inventé par la compagnie américaine Du Pont de Nemours en 1931.
Avantages
Le gros avantage du néoprène est qu’il protège très bien du froid, qu’il est facilement façonnable et pas trop cher.
Inconvénients
Le néoprène traditionnel n’est pas biodégradable. Il est non renouvelable et sa production est particulièrement énergivore et polluante. Effectivement Il est fabriqué à partir de combustibles fossiles dérivés du pétrole et cette production émet beaucoup de CO2. Elle consomme une grande quantité d’eau et génère des produits toxiques.
Et que devient notre équipement en néoprène en fin de vie 🧐 ?
A ce jour, il n’y a pas de filière pour collecter et recycler le néoprène. Il est enfouit ou brûlé, mais j’ai découvert tout de même quelques initiatives individuelles pour essayer de lui donner une seconde vie. J’y reviendrais dans un prochain article 😉
Bref pas hyper écologique notre seconde peau ! Il est donc important :
• d’entretenir au mieux son équipement de longe-côte pour le garder le plus longtemps possible
• ou de se tourner vers des alternatives au néoprène traditionnel
Quels sont les matériaux alternatifs au néoprène traditionnel ?
Limestone : Calcaire/grès
Une alternative est le néoprène issu du calcaire, commercialisé sous le nom de Limestone et mis au point par la société japonaise Yamamoto. Le résultat serait même supérieur au néoprène traditionnel en terme d’élasticité, d’étanchéité, de poids, de durée de vie.
Il permet certes de limiter l’utilisation de matériaux pétrochimiques mais cela n’en reste pas moins une ressource fossile issue de carrières. Un matériau donc ni renouvelable ni biodégradable. De plus sa production est énergivore…
Eco carbon black
Il s’agit de néoprène reconstitué à partir de pneus. Une bonne idée 🙂
Eicoprene
C’est une mousse qui se compose d’un mélange de calcaire (70%) et de pneus recyclés (30%).
Yulex : Hévéa
Cet arbre originaire de la forêt amazonienne et d’Amérique Centrale sécrète un latex, véritable caoutchouc naturel.
On en fait des combinaisons et accessoires « écologiques » pour les adeptes des sports nautiques. Le caoutchouc naturel d’Hévéa permet de produire non seulement des combinaisons avec des performances identiques aux combinaisons en néoprène mais en bonus il est hypoallergénique 😃
Vous trouverez cette matière sous le nom de Yulex ou encore Naturalprene.
Une avancée formidable mais tant qu’à opter pour ce type de combi, autant bien choisir un fabriquant dont la démarche a un impact positif sur les forêts d’Hévéas et:
• qui attache une grande importance à la biodiversité
• ne contribue pas à la déforestation
• ne se fournit pas dans des plantations qui ont détruit des forêts humides
• ne travaille pas avec des entreprises qui ont asséchés ou détournés les cours d’eau et utilisés des pesticides
• se soucie de l’éthique/des conditions de travail chez ses fournisseurs
Biöprene
C’est une nouvelle mousse composée de coquilles d’huitres, de résidus de canne à sucre, d’hévéa et d’huiles végétales non alimentaires.
Oysterprene
Il s’agit d’une mousse composée de poudre d’huîtres et de calcaire (Limestone).
Plastique recyclé
Certains fabricants utilisent des doublures de combinaison en polyester produites à partir de bouteilles en plastique recyclées.
Colle à base d’eau
Des colles à base d’eau se sont avérées efficaces pour remplacer les colles à base de solvant (produit chimique très polluant).
Des fabricants de combinaisons de surf sans néoprène soucieux de l’environnement
Il n’existe pas de marque d’équipement dédiée au longe-côte. Nous utilisons le même matériel que les surfeurs pour les combinaisons, cagoules, gants et bottillons ou encore les bottillons de plongée.
Les marques de surf, hyper conscientes de l’importance d’agir en faveur de l’environnement, se sont penchées depuis plusieurs années sur la recherche d’alternatives éco-responsables aux tenues de surf classique en néoprène. Elles partagent toutes un objectif commun = créer la combinaison sans néoprène idéale !
Patagonia
Cette marque californienne, à l’initiative des avancées sur les propriétés de l’hévéa il y a de nombreuses années, propose depuis 2016 une collection dédiée sous le nom de Yulex.
C’est une gamme de combinaisons de surf éco-responsable, sans néoprène et d’origine végétale, pour hommes, femmes et enfants. Ainsi ils disent réduire de 80% leurs émissions de carbone en produisant un caoutchouc naturel à base d’Hévéa qui est aussi performant que le néoprène.
A noter tout de même que leur équipement est « fabriqué avec 85% de caoutchouc naturel, mélangé à 15% de caoutchouc synthétique pour une longévité et une résistance aux UV accrue ». Ce n’est donc pas un produit 100% naturel mais une très belle innovation tout de même 🙂
Ils privilégient le transport par bateau et se soumettent à un audit régulier par une ONG internationale, la Rainforest Alliance. Celle-ci s’assure que les plantations qu’ils utilisent répondent bien aux normes FSC (pas de destruction de forêts humides et gestion durable).
Patagonia partage les résultats de ses recherches avec d’autres marques de surf. C’est une belle démarche à souligner !
🔎 Alors ça coûte quoi tout ça ?
Pour une combinaison intégrale sans néoprène il faut compter 375 euros pour l’épaisseur 3/2.5 jusqu’à 550 euros pour les 5.5/4.
Pour les gants il faut compter 65 euros, la cagoule 50 euros, les bottillons 70 euros…
Une consommation responsable mais un sacré budget longe-côte 😉
Vissla
C’est une autre société américaine originaire de Californie qui propose des combinaisons en Naturalprene mais aussi en Limestone et en Eco Carbon Black (pneus recyclés). Cependant ils ne proposent que des combis pour hommes et enfants.
Picture Organic Clothing 🇫🇷
Alors ici son nom ne le laisse pas présager mais cette société est bien française, tout comme les 3 autres marques dont je vais vous parler 😉
Ils affichent clairement l’objectif zéro pétrole attachent une grande importance à l’éthique, la durabilité des produits et la lutte contre le réchauffement climatique.
Ils proposaient il y a peu 2 solutions éco-responsables pour les sessions en eau froide :
- une gamme en Naturalprene composée de 85% de caoutchouc naturel issu d’hévéa et de 15% de caoutchouc synthétique sans chlore (elle n’est plus disponible)
- l’alternative en Eicoprène avec ses 70% de calcaire et 30% de pneus recyclés
Les combinaisons pour femme 4/3 en Eicoprene sont accessibles en magasins spécialisés à partir de 250 euros.
Soöruz 🇫🇷
Soöruz est une autre marque française d’articles destinés aux sports de glisse.
Ils viennent de sortir en 2020, après plusieurs années de R&D, la première combinaison éco-responsable à base de… poudre d’huîtres ! Ceci après avoir proposé des combinaisons alternatives au néoprène en bambou et polyester recyclé en 2013, en Yulex en 2015 puis en Naturalprene en 2016.
Et oui, cette fameuse poudre d’huîtres que l’on avait aperçue jusqu’à présent dans les savons, lunettes et brosses à dents !
Cette nouvelle combinaison bio-sourcée appelée Green Line est en Biöprène, une nouvelle matière élaborée à base de coquilles d’huitres, de résidus de canne à sucre et d’Eva naturel. Indéniablement une innovation qui se détache des alternatives connues jusqu’à présent.
Les combinaisons pour hommes sont disponibles depuis mars 2020 à 279 euros pour la combi 4/3 et les combinaisons pour femmes à partir de septembre 2020 à 259 euros la 5/4/3 intégrale en Front-Zip.
Et Soöruz a une autre innovation dans les tuyaux avec le Oysterprene. Il remplace une partie importante du calcaire utilisé par de la poudre de coquille d’huîtres. Cette gamme destinée aux pros est disponible depuis juillet 2020.
Sen No Sen 🇫🇷
Voilà une autre marque française de vêtements et combinaisons de surf éco-responsables faites à la main. Ils mettent l’accent sur la production dans le respect des personnes et de l’environnement. Leurs combinaisons sont en Yulex ou en Limestone.
Pour une combinaison en Yulex ou Limestone 4/3 pour femme il faut compter 329 euros.
Wildsuits 🇫🇷
Cette marque française de combinaison de surf a aussi choisi l’utilisation de matériaux plus respectueux de l’environnement. Elle propose des combinaisons en Limestone, Eco Carbon Black avec un tissu intérieur confectionné à partir de 45 bouteilles en plastique recyclées… mais que pour les hommes pour l’instant !
Alors, la combinaison en néoprène rêve ou réalité ?
Une réalité, la combinaison sans néoprène existe :-)! Toutes ces marques éco-responsables ont en commun cette volonté de proposer des alternatives de plus en plus abordables aux combinaisons en néoprène traditionnel issus du pétrole.
Elles complètent cette démarche en:
👍 utilisant toutes dorénavant de la colle à l’eau sans solvant
👏 imprimant ou gravant les logos et motifs également sans solvant en utilisant une technique qui limite la quantité d’eau et d’énergie consommée
🤙 se fournissant en nylon/polyester recyclé pour les tissus/zips intérieurs et extérieurs
Toutefois les prix de ces combinaisons écologiques restent très élevés 😦 . Ils sont amenés à baisser à l’avenir. La demande pour ce type de produits est en forte croissance. Les entreprises investissent considérablement en R&D pour rendre les sports nautiques plus «verts » ! Objectif : qu’ils soient en adéquation avec les valeurs des personnes qui pratiquent ces activités de plein air et aiment la mer…
Alors utilisons notre vieille combinaison en néoprène traditionnel aussi longtemps que possible pour pratiquer le longe-côte, puis essayons de leur trouver une seconde vie.
Et, après avoir économisé un peu… euh beaucoup 😅, peut-être nous ferons-nous plaisir dans quelques temps, à nous et à la planète, en choisissant une combinaison sans néoprène qui soit plus en adéquation avec notre soucis de préservation de l’environnement ?
Et vous, avez-vous déjà testé une combinaison sans néoprène ?
Connaissez-vous peut-être d’autres marques « d’équipement de longe-côte » plus écologique ?